JOYEUSES FETES ET SI, EN 2016, NOUS FAISIONS DE LA POLITIQUE «AUTREMENT» ?

Chers compatriotes,

Avez-vous remarqué ? Noël arrive toujours trop vite, après une accélération effrénée pour tout boucler en temps et en heure : travail, cadeaux, billets d'avion, bagages, factures, petits fours, j'en passe et des meilleures…

Lorsque nous arrivons enfin à lever la tête du guidon, c'est pour constater que ça est, une année de plus est encore passée… trop vite. Pour les Français, celle qui va se clore laissera sa trace dans l'Histoire, hélas tragique. Elle s'est ouverte sur les attentats de Charlie Hebdo, elle va se refermer sur la plaie encore béante des attaques du 13-Novembre. Et pourtant, malgré la tristesse et le deuil, je voudrais vous souhaiter des fêtes de fin d'année joyeuses et gaies, et un excellent cru 2016.

Régionales 2015 : Après le soulagement, le questionnement

Le 13 décembre dernier, les Français ont réchappé de justesse à une catastrophe en voyant le Front National échouer à remporter des régions au second tour des élections. Il s'est en fallu de peu pour qu'il mette la main sur la Paca, le Nord-Pas de Calais-Picardie ou encore le Grand Est. Depuis, comme pour prouver qu'ils avaient bien retenu la leçon, les politiciens français des partis « respectables » n'ont plus qu'un mot à la bouche : il faut faire de la politique « autrement ».

A la bonne heure ! Au-delà des vœux pieux et des formules passe-partout, je suis moi aussi convaincu qu'il est grand temps que la classe politique française revoie sa façon de fonctionner. Personnellement, j'aimerais donc ajouter ma pierre au débat avec ces quelques suggestions qui valent, il me semble, aussi bien pour la France que les Etats-Unis:

  • Sortons de la logique de partis droite-gauche ! Cela mène à la corruption et à la déformation des idées.

  • Envisageons une troisième voie qui passerait par le centre. Elle reprendrait des idées qui viennent à la fois de la gauche, de la droite, des écologistes ou encore de la société civile tout en se tenant loin des extrêmes.

  • Respectons les idées de tous. Près de 28% des Français ont voté pour le Front National au premier tour des régionales. Nous devons engager un dialogue constructif avec les représentants de ce parti, car c'est le meilleur moyen de prouver qu'ils ont tort. Les diaboliser ne fera que les renforcer.

  • Permettons à davantage de citoyens de s'impliquer ! La politique ne devrait pas être la chasse gardée d'une poignée d'apparatchiks, toujours les mêmes, qui en ont fait leur seul et unique métier, quitte à se couper totalement de la réalité. Professeurs, médecins, chefs d'entreprises, retraités, ouvriers, éducateurs sociaux, employés de bureau… Il faut revoir le statut des élus, pour permettre à ceux qui travaillent d'échanger leurs idées et de s'engager.

  • Cessons la rhétorique politicienne électoraliste ! Trop souvent, les politiciens réagissent aux extrêmes, en témoigne par exemple le discours désastreux des candidats à la primaire Républicaine aux Etats-Unis. Ils cherchent à exciter les électeurs les plus engagés dans le processus politique qui sont aussi, hélas, les plus enragés. Résultat : ils s'aliènent près de la moitié de la population, qui dégoûtée, déçue, perdue ou tout simplement désintéressée, ne va pas voter.

  • Soyons à l'écoute de la masse silencieuse ! Faire de la politique autrement, c'est justement s'adresser à ces citoyens passifs en leur disant de ne plus se contenter d'être des observateurs. C'est réussir à les convaincre de devenir acteurs du débat pour changer le monde. C'est aussi récolter leurs idées et les faire fructifier.

  • Arrêtons les promesses électorales. Dans un monde qui change de plus en plus vite, elles ont toutes les chances de ne pas être tenues et de produire toujours plus de déception et d'amertume au sein de l'électorat. A l'inverse, dégageons des visions, traçons des chemins, identifions des caps ! C'est de repères dont les gens ont besoin.

  • Cultivons l'innovation et faisons confiance au futur. Pour gagner des voix, pour simplifier le débat, les politiciens recourent souvent aux mêmes concepts éculés et agitent les peurs. Au contraire, ils devraient nous faire aimer notre époque. A nous de vivre avec notre temps, d'utiliser à plein régime le potentiel du web, et notamment les plateformes collaboratives, pour créer du lien et nourrir le débat.

  • Soyons pragmatiques. Avec un taux qui dépasse la barre des 10% depuis trois ans, le chômage est le problème numéro un des Français. Il ne se réglera pas à coup d'idéologie. Pour contrer ce fléau, source de désespérance et de radicalisation, nous devons soutenir davantage les entreprises et les entrepreneurs par des mesures concrètes qui favorisent l'embauche, le maintien dans l'emploi et l'investissement. En bref : agissons pour une démocratie plus démocratique, qui intègre davantage de gens.

En espérant qu'en 2016, vous prendrez votre part au débat, je vous souhaite une très belle année placée sous le signe de la joie, la paix, l'innovation, la tolérance et l'engagement.

Bien à vous,


Richard Ortoli,
conseiller consulaire pour la circonscription de New York et conseiller à l'Assemblée des Français de l'étranger pour les Etats-Unis

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