Chers compatriotes,
Vu sur Wikipedia : « La pensée magique est une expression définissant une forme de pensée qui s'attribue la puissance de provoquer l'accomplissement de désirs, l'empêchement d'événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle. Ce type de pensée se manifeste principalement au cours de l'enfance et est, à l'âge adulte, appréhendé par la médecine comme un symptôme d'immaturité ou de déséquilibre psychologique. »
Je rentre de Paris, où je me suis rendu pour la session semi-annuelle de l'Assemblée des Française de l'Etranger, alors que « l'affaire de la chemise arrachée du DRH d'Air France » battait son plein dans les médias. Hélas, à entendre les débats qui agitaient nos concitoyens à ce sujet, j'ai bien peur que ce fameux syndrome – celui de la pensée magique - se soit emparé de la France, ou du moins d'une partie de ses habitants. Sinon, comment expliquer le soutien apporté par une partie des politiciens, des syndicats et de la population aux manifestants d'Air France ? L'entreprise pour laquelle ils travaillent est en déficit chronique depuis des années ; elle est incapable de se restructurer et de fait, elle s'est fait damer le pion par des concurrents plus modernes et plus agiles. En exigeant de conserver leurs privilèges, que pensent donc obtenir les manifestants d'Air France et ceux qui les soutiennent, à part couler leur entreprise déjà saignée à blanc ? Ils vivent dans une dimension irréelle. Ils pensent que quelqu'un, quelque part, viendra leur donner de l'argent et résoudre tous les problèmes.
Air France étant détenue à plus de 17% par l'Etat Français, ce fameux « quelqu'un » pourrait bien être le contribuable. Mais il et déjà bien sollicité, le contribuable. Depuis quelques années, il n'a eu cesse de voir ses impôts monter et ses prestations baisser. Lui aussi aimerait bien que quelqu'un, quelque part, vienne lui donner de l'argent et résolve ses problèmes, tel un bon génie sorti de la lampe d'Aladin… Finalement, ce qui m'interpelle le plus, dans cette histoire, c'est l'égoïsme dont font preuve les manifestants d'Air France. En demandant plus de subventions, ils prennent à Pierre pour donner à Paul. Ils refusent de regarder la réalité en face : l'industrie aérienne est très compétitive et celui qui refuse de s'adapter meurt, comme TWA ou Pan Am en leur temps.
D'ailleurs, il est édifiant de comparer le renouvellement du marché boursier américain avec la sclérose du marché français. Où, dans le CAC 40, trouve-t-on l'équivalent d'Apple, Amazon, Nexflix, Paypal, Priceline ou encore Whole Foods, pour ne nommer que quelques unes des jeunes entreprises qui sont venues rejoindre les rangs du S&P 500 ces dernières années… en remplaçant de plus vieilles ? La « destruction créatrice » chère à Schumpeter qui anime l'économie américaine pose certes des défis liés au changement, mais elle est un signe indéniable de son dynamisme.
Bref, ce serait bien que les Français rompent avec la pensée magique et cessent de croire que les vieilles recettes du passé peuvent continuer à fonctionner dans un monde en profonde mutation. « La manière de penser qui a généré un problème ne pourra jamais le résoudre », a dit Albert Einstein. « Si tu veux changer le monde, commence par toi-même », disait aussi Ghandi. Non, la prospérité ne tombe pas du ciel, elle ne se décrète pas, elle est le produit d'une société efficace, capable de se remettre en question, de s'adapter et de s'engager dans l'avenir avec confiance.
Cette prise de conscience doit aussi passer par un renouveau de la classe politique française. Alors qu'aux Etats-Unis, les débats pour les primaires américains sont largement lancés, je suis surpris de constater qu'en France, où les élections présidentielles n'auront lieu que 6 mois plus tard, le sujet est encore largement ignoré. C'est dommage : à mon sens, on devrait ouvrir le champ de bataille dès maintenant pour permettre à des têtes nouvelles d'émerger et de se faire entendre. Au lieu de cela, elle se jouera à la dernière minute entre les « usual suspects », des politiciens de carrière que l'on connaît trop bien. Le jeu politique devrait intégrer plus de candidats issus du privé, comme aux Etats- Unis où pour le meilleur et pour le pire (Donald Trump), la table est ouverte. Mais se referme rapidement sur les perdants, que l'on ne revoit jamais, en général, après une défaite. Ce détail aurait-il échappé à « Sarkozy l'Américain »?
Comme je le disais plus tôt, je me suis rendu à Paris pour assister à la 23e session plénière de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE), qui se déroulait du 5 au 9 octobre 2015. Au cours de ces sessions, les 90 conseillers élus par les conseillers consulaires dans 15 circonscriptions couvrant le monde entier relaient la parole des Français établis hors de France auprès du Gouvernement. Vous pouvez retrouver le résumé de cette session et suivre les actualités de l'Assemblée sur le site de l'AFE.
Ce programme, placé sous la responsabilité du directeur des Français de l'étranger et de l'administration consulaire, a pour objet de fournir aux Français établis ou de passage hors de France des services essentiels et de participer à la définition et à la mise en œuvre de la politique en matière d'entrée des étrangers en France. Il s'appuie sur un réseau de 224 postes consulaires dans le monde.
Voici les évolutions notables du budget voté pour 2016 :En espérant avoir contribué à votre information, je me tiens à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et vous prie d'agréer mes meilleures salutations. Et puisque nous parlions de magie… Je vous souhaite un bon Halloween aussi effrayant qu'amusant !
A très bientôt,
Richard Ortoli,
conseiller consulaire pour la circonscription de New York et conseiller à l'Assemblée des Français de l'étranger pour les Etats-Unis
