Chers compatriotes,
La vie politique, comme celle de la nature, a ses cycles et ses rites. Alors que l'été est fini et l'automne s'est installé, la saison 1 du mandat de Barack Obama va bientôt se terminer. Une nouvelle élection présidentielle américaine se profile. Pour l'actuel président américain, c'est l'heure de faire le bilan, mais aussi celle d'affûter ses armes les plus pointues, car sa bataille contre Mitt Romney s'annonce plus coriace que prévue. Le climat économique restant morose, les Américains cèderont-ils aux sirènes du changement pour le changement? Comme les Espagnols, les Italiens, les Britanniques ou encore les Français en mai dernier, enverront-ils balader leur gouvernement en signe de mécontentement? Il est clair que l'atout numéro un de Mitt Romney en ce moment réside dans les frustrations accumulées par le peuple américain tout au long de cette crise : chômage, endettement, ascenseur social en panne. Celles-là mêmes qui ont fait le bonheur des socialistes aux dernières élections françaises, puisqu'ils les ont largement actionnées pour discréditer l'équipe de Nicolas Sarkozy et se tailler une place au gouvernement en promettant plus, mieux, maintenant.
Mais il faut se garder des belles paroles et des promesses électorales. On le voit bien en France : le seul engagement que François Hollande ait tenu pour l'instant est celui d'augmenter les impôts. Pour le reste – réduire le chômage, améliorer le pouvoir d'achat, restaurer la compétitivité des entreprises – il faudra repasser, et plutôt en 2014, a prévenu le Président. Aucune mesure sérieuse n'a été prise en ce sens. Les Français n'ont donc rien d'autre à contempler qu'une ligne grise et floue à l'horizon, ainsi que le bas de leur fiche d'impôts, hélas beaucoup plus nette. Ils se sont « indignés », puisque c'est un terme à la mode, ils ont voté. Et maintenant ? Ils sont 70% à juger la politique de François Hollande inefficace (sondage BVA pour Orange, L'Express et France Inter, 15 octobre 2012). Personnellement, j'en étais convaincu dès l'annonce de sa candidature aux primaires socialistes, et je le suis toujours. En tant que centriste de droite, je crois fondamentalement que la prospérité d'une nation passe par sa faculté à créer de la richesse avant de la redistribuer. Ce n'est pas en augmentant le coût du travail que M. Hollande y parviendra.
Je me demande si la venue du Président à New York il y a quelques semaines lui aura donné des idées. Je me demande aussi ce que Laurent Fabius, lui aussi en tournée aux Etats-Unis, aura retenu de ses entretiens avec des entrepreneurs français installés aux Etats-Unis.
Toujours est-il que malgré la crise, l'économie américaine semble reprendre des forces. Le chômage est en train de reculer ; il est tombé à 7,8% en septembre, son niveau le plus faible depuis janvier 2009, selon des chiffres du gouvernement. Mais surtout, la compétitivité de ses entreprises s'améliore, selon une étude du Boston Consulting Group publiée début octobre. Tant et si bien que d'ici 2015, les exportations américaines pourraient coûter entre 5% et 25% moins cher que celles des pays développés comme la France, l'Allemagne ou encore le Japon. Et ceci grâce à un coût de la main-d'œuvre, du gaz naturel et de l'électricité plus compétitifs. Dans le même temps, l'écart enregistré avec les pays émergents se creuse sous l'effet de l'augmentation de leur niveau de vie. En 2005, le coût moyen d'un ouvrier chinois représentait 22 % de celui d'un ouvrier américain. En 2010, on en était à 41 % en tenant compte du différentiel de productivité. En 2015, le ratio sera supérieur à 60 %, d'après le BCG. De quoi rapatrier entre 2,5 à 5 millions d'emplois aux Etats-Unis, prédit le BCG. Les économistes appellent cela le « reshoring » (la « relocalisation »).
François Hollande devrait peut-être s'en inspirer….
En attendant, ce que la France exporte de mieux, ce sont encore ses riches. Un phénomène salué par Libération, qui réagissant à la décision de Bernard Arnault de demander la nationalité belge n'a rien trouvé de mieux que de lui lancer à la figure: « casse-toi, riche con ». Triste exhortation qui en dit long sur ce rapport étrange que les Français entretiennent vis-à-vis de la réussite et de l'argent.
Bien entendu, on ne peut pas s'occuper que de ceux qui ont de l'argent. C'est ce que Mitt Romney aura appris à ses dépens en déclarant, lors d'un « fundraiser » devant un parterre de banquiers, qu'il n'avait pas à se préoccuper des « 47% d'Américains assistés qui ne paient pas d'impôts sur le revenu. » Cette phrase pourrait bien lui coûter son élection, mais elle est tout aussi terrible que le « je n'aime pas les riches » prononcé par François Hollande en 2006. A mon sens, personne ne doit être mis au ban de la société ; ni les riches, ni les pauvres, ni la classe moyenne. Nous avons tous besoin les uns des autres, nos intérêts étant liés. Tout citoyen a droit d'être considéré, écouté et respecté. En tant que centriste de droite c'est ma conviction et vous pouvez compter sur moi pour la défendre avec passion.
Richard Ortoli,
conseiller élu à l'Assemblée des Français de l'étranger